Lors de mes dernières vacances, j’ai intercepté une conversation entre un couple de touristes français et une commerçante qui leur demandait s’ils débutaient leurs vacances. Ils se sont empressés de répondre sur un ton emprunt de tristesse et de fatalité que « malheureusement lundi nous devons retourner au travail. »
J’imagine la réaction de leur manager qui va les accueillir à leur retour de congés. Sont-ils des chevaux fatigués ou des renards ? (en référence à l’une de mes newsletter sur le thème de Comment transformer un manager en jardinier). Voici quelques recommandations que je lui ferais…
Etymologiquement, le travail est un instrument de torture. Ne parle t-on pas de salle de travail pour une salle d’accouchement ? N’avons nous pas souvent entendu l’adage : « tu gagneras ton pain à la sueur de ton front. » Le travail du manager, du chef d’entreprise, est de faire travailler des gens qui préféreraient être rentiers. Une entreprise ne cherche pas le travail et à créer de l’emploi mais à créer de la richesse et à faire du profit pour perdurer.
Comment donner du sens au travail quand personne ne cherche le travail pour le travail ? Le sens du travail ne se conçoit pas en tant que valeur. Le sens du travail n’a de signification que par l’amour que nous lui portons. Tous les collaborateurs aiment l’argent car ils en ont besoin. Travailler pour gagner sa vie, élever ses enfants, cela a du sens. Cependant le salaire n’a jamais suffit à recruter les meilleurs, à les fidéliser, à souder une équipe, à susciter l’enthousiasme, la créativité, la responsabilité. Le salaire est donc une raison médiocre de travailler.
Il est du rôle du chef d’entreprise et du dirigeant de créer les conditions favorables pour nos collaborateurs restent dans l’entreprise et s’y épanouissent en étant heureux. La question du bonheur au travail est essentielle car on travaille pour gagner sa vie et être heureux. N’est-il pas dommage d’attendre la fin de la journée de travail pour être heureux ?
Le travail n’est pas une valeur morale car son contraire (repos, loisir, temps libre) n’est pas un défaut de moralité. Par contre l’amour du travail bien fait est une valeur morale. Célébrons l’amour du travail bien fait !
Développer cet amour du travail bien fait nécessite pour nous que nos collaborateurs aiment leur travail, prennent plaisir au travail qu’ils font. Le désir est l’unique force motrice selon Aristote. Le désir est l’essence même de l’Homme selon Spinoza.
En conclusion, vous êtes le professionnel du désir de l’autre (collaborateurs et clients). N’oubliez pas d’être heureux vous-même !
Référence : cette newsletter est inspirée d’une conférence de André Comte-Sponville sur le sens du travail, bonheur et motivation.
Lien Youtube : Conférence André Comte-Sponville